1er novembre, fête de la Toussaint, Tarrafal
De retour de Maio, comme anticipé, ce fût très tranquille! De vraies vacances, il n'y a rien à faire à Maio. Heureusement, nous étions très bien installés, l'appart hyper fonctionnel, directement sur cette magnifique piscine débordante à l'eau de mer et en bonus, cette belle petite plage tout juste un peu plus bas. La température de l'eau était idéale. Maio est une petite île de 7000 habitants de 15 kilomètres de largeur sur 25 de longueur, une route, tantôt pavée, tantôt goudronnée fait le tour et c'est tout. À peine quatre hameaux ceinturent l'île. On compte un vieil autocar, une trentaine d’alugar, ou collectivo, puis je ne crois pas qu'il y ait plus de vingt voitures. L'essentiel de ce parc automobile est concentré à Porto Ingles où nous étions. Les gens sont très accueillants et toujours souriants. Encore une fois, il faut rappeler que nous sommes en Afrique et que les gens sont pauvres, donc ce cliché « des gens qui n'ont rien et qui sont heureux » peut bien avoir « la couenne dure », nous l'avons constamment sous les yeux. Pas de disparité cependant, tous sont également pauvres, les portes entrouvertes permettent bien de voir qu'il n'y a rien à l'intérieur de la maison, on y voit des gens qui sont tout simplement assis par terre. Nonobstant, plusieurs maisons sont peintes ce qui donne un peu de vie et curieusement, il y a de l'eau à Maio, une autre source de vie, on voit quelques cochons et des chèvres importées du Niger qui semblent parfaitement adaptées, bref, les gens mangent, ce qui n'est pas rien! Les épiceries sont petites, mais on y retrouve un peu de tout, oreilles de porcs et pattes de poulet en quantité, par exemple. Un petit cargo approvisionne l'île une à deux fois par semaine et à ce moment là c'est l'abondance dans les minimarchés. Essentiellement, c'est le poisson qui est à la base de l'alimentation, on a d'ailleurs trouvé du thon à l'œil particulièrement vif pour trois fois rien sur la plage principale. Le tourisme ne s'est pas encore rendu ici, quelques perdus comme nous, mais l'île n'attire pas comme Sal, Sao Vicente ou San Antao. On distigue pourtant un développement d'envergure en bordure de mer, mais les travaux, à mi-chemin, sont bien arrêtés et ne semblent pas prêt de recommencer. Tout ça confère à l'endroit du caractère et une authenticité qui n'est pas pour nous déplaire.
Au moment où je fais remarquer à Anne qu'on a guère vu la pluie en plus de trois mois, sauf un petit crachin à Porto le 19 août, le soleil se cachera pour trois jours et il pleuvra! Ce n'est pas grave et ce sera bon pour le maïs. Moi aussi je me cacherai durant trois jours, le temps de laisser passer une vilaine « tourista » qui m'aura vidé… de toute mon énergie. Rubrique entomologique, bis; outre les innombrables sauterelles, on retrouve un peu de tout, entre autres, de plantureuses coquerelles et d'étranges petits machins qui sortent du drain de la salle de bain le soir venu, rien de bien vilain, rien à voir avec ce gros scolopendre qui voulait nous surprendre, mal lui en pris, je l'ai écrapouti! Pas de moustiques et ça c'est bien.
En mode économique, on cuisine à la maison, mais il y aura tout de même eu ce souper au Tutti Frutti, chez Brenda. Lorsque nous arrivons à la hauteur du resto, la propriétaire s’engueule avec la voisine dans face, le litige nous échappe, notre portugais est toujours des plus approximatif, mais on a bien failli passer tout droit. On a finalement bien fait de s'arrêter, car même si notre hôtesse était complètement ivre, elle nous a tout de même concocté un excellent repas; un genre de tomates bocconcini fait avec un fromage (chèvre) local en entrée et des carbonara al dente parfaitement réussi, un très bon vin accompagnait le tout et ça faisait un moment que ce n'était pas arrivé. Pour dessert, une tarte maison à la lime, tout simplement délicieuse. Cependant, la crainte de Anne s'est confirmée, Brenda nous a rejoint à table et ce n'est jamais évident lorsque les convives ne sont pas aussi souls les uns que les autres, il nous aurait fallu une ou deux bouteilles supplémentaires pour la rejoindre! Enfin, on a comprit son malheur un peu plus tard, cette expatriée vénézuélienne venait de perdre son garçon de 25 ans le mois précédent lors d'affrontements entre contestataires et policiers à Caracas. On touche du bois!
Autrement, le voyage nous occupe toujours, réservations pour l'Inde, nous y serons autour de la période des fêtes et réservations du Japon aussi, la période des cerisiers en fleurs est tout aussi occupée que la période des fêtes! Et c'est presque à regret que nous quitterons cette petite île tranquille, toutefois, la Namibie exerce une attraction indéniable et c'est dans à peine une semaine! Ah oui, ce drôle de petit vol pour revenir sur Santiago, moins de dix minutes, rien à voir avec le prochain pour Windhoek à partir de Lisbonne qui passera par Barcelone et Doha et s’échelonnera sur 48 heures. Heureusement, Qatar Airways nous réservera une chambre à Doha où l'escale doit durer près de 21 heures!
Alors, nous sommes de retour à Tarrafal, sur ce que j'appelerais maintenant le Cap Verdâtre. Heureusement, il y aura eu suffisament d'eau pour le maïs et aujourd'hui, congé pour tous, c'est la Toussaint, les familles se réunissent, il y a foule à la plage, les gamins jouent dans l'eau et les grands préparent les grillades et la cachupa, ce plat traditionnel à base de maïs, de haricots et de… ce qui est disponible! Enfin, nous on y a gouté à Maio, c'était au thon et c'était très bon.