23 mars, Tokyo
« Cent fois sur le métier remettez votre ouvrage ». Au moment où les jeb se pensent presque bons, ils commettent une erreur de débutants, heureusement sans conséquence; on s'est retrouvé à l'aéroport international car nous allons à Tokyo, mais avec l'escale à Brisbane, c'est par le domestique qu'il fallait en passer. En grattant notre petit change, il ne manque que 5 $ sur les 25 requis pour payer le chauffeur de taxi qui fut fort compréhensif! Du coup on est trop tôt et nous nous adonnons à un de nos passe-temps favoris, attendre dans les aéroports. Aux nouvelles, nouvel attentat à Londres, notre dernière étape. Est-ce que mon journal de bord finira comme il a commencé en juillet dernier; chacune des journées étant ponctuée d'un attentat. On se rappelle Nice, Berlin, sans parler de l'Irak, 80 morts et ainsi de suite, espérons que non. Bon, Jetstar remet ça à l'interphone, la politique des 7 kg ne s'applique pas seulement à notre gros pack sac à moitié vide, mais plutôt au poids combiné avec l'autre petit sac qui est bien plein, enfin, nous verrons bien. À l'embarquement une préposée un peu zélée demande à une dame BCBG devant nous de mettre sa petite valise à roulettes dans le gabarit et ça ne passe pas, on tente d'accélérer le pas, cependant elle nous fait signe de revenir. C’était certain, avec notre look de clodos et nos gros sacs à dos. Toutefois, ce n'est pas pour la surcharge, c'est parce que Anne a aussi une petite sacoche, ce qui lui fait trois bagages au lieu des deux autorisés. Elle ne comprend pas lorsqu'on le lui signifie et j'ai beau lui répéter « donne-moi ta sacoche », « donne-moi ta sacoche », afin de la mettre dans un autre sac, rien n'y fait, elle la tient fermement. Je me rappelle la fois où sa mère Jeanne d'Arc m'avait foudroyé des yeux lorsque les miens s'étaient inopinément posés sur sa précieuse bourse sous la table lors d'un repas de Noël à sa résidence de Rivière des Prairies. Une fois le petit sac rangé on peut embarquer. Bref, faudra peut-être s'astreindre à prendre un bagage en soute à l'avenir, mais bien que nous ayons l'habitude de ne pas le faire pour des raisons monétaires, il ne faudrait pas oublier l'autre avantage, ne pas avoir à récupérer ses bagages, ou même pire, les perdre comme ça nous était arrivé à Puerto Rico. On décolle de Brisbane à 10 h 30, 9 heures de vol devant nous. Pendant un moment j'ai cru que nous pourrions utiliser les trois rangées de bancs vacants à côté de nous pour dormir, mais à la dernière minute une famille est arrivée, tous sourds et muets; grands-parents, jeune couple avec bébé et deux ados. Il n'y a que le nourrisson, qui était des plus mignon, qui a émit quelques sons lors de la décompression. Une famille Bélier genre, comme dans le film, pleine d'amour, c'était évident et touchant. Après les dommages collatéraux de notre halte à Sydney, nous avons défoncé notre budget, nous nous dirigeons tels des bonzes ayant fait vœux de pauvreté, sans boire ni manger, vers le pays du soleil levant au moment où il se couche. On ne s'offre pas le cinéma non plus, nous préparons plutôt un post pour Facebook que nous publierons dès que nous aurons vous savez quoi. Donc, aussitôt débarqué on se rend au distributeur de cartes SIM, une distributrice, je veux dire une machine, nous sommes au Japon, nous ne parviendrons malheureusement pas à l'activer. On se console de ce manque de bol avec un de riz et des morceaux de bœuf. Et pour moi, un œuf cru dessus, mauvaise idée, le gluant altère le riz collant et sa préhension avec les baguettes est des plus laborieuse, il est maintenant coulant. Bonne nouvelle cependant, le prix de l'aliment semble normal. Et on se rend au Shuttle pour rejoindre l'hôtel, dommage, le dernier vient de quitter, nous devrons prendre le train. Avec l'aide de bons samaritains nous parviendrons à figurer la chose, les gens nous aident et lors d'un changement de rame on évite le drame en demeurant sur le bon chemin, de fer. Rien de surprenant, mais tous, jeunes et vieux, sont au cellulaire. À 10 h 15 nous devrions terminer par une petite marche pour atteindre l'hôtel, marcher la nuit ici ne semble nullement inquiétant, nous avons un fort sentiment de sécurité. Et en fin de compte, nous n'aurons qu'à traverser la rue. Hôtel budget, on s'attendait au pire, mais non, c'est un des plus luxueux que nous ayons eu depuis le départ; grande chambre, grosse télé avec des gros lutteurs sumo dedans, salle de bain avec douche et bain tourbillon, divan et siège de toilette chauffant! Mon oreiller est comme un mini-wheat, avec un côté nature et un côté givré, c’est-à-dire un côté comme chez nous et l'autre est fait avec ce que j'imagine être des graines de sarrasin. Bonne nuit! Ah oui, il y a aussi un réseau wifi décent.